M. Arakhian (french)
Essay by Sergiu Mos • January 8, 2016 • Book/Movie Report • 1,636 Words (7 Pages) • 1,316 Views
M. ARAKIAN
M. Arakhian vient de lire avec plaisir l’article que vient de lui consacrer le principal quotidien local : on annonçait, après qu’il ai été élu meilleur coiffeur de l’année de la région Rhône-Alpes, qu’il venait d’être proposé par les représentants du syndicat professionnel de la coiffure pour le titre très honorifique de meilleur coiffeur de l’année au plan national.
Que de chemin parcouru depuis son enfance dans un quartier très populaire de Valence au milieu de nombreuses familles d’immigrés Arméniens. Même s’il ne connaît en fait que très peu ce pays où il n’a fait, en tout et pour tout, que deux séjours d’une semaine, il s’y sent très attaché à cause cet esprit communautaire qui est resté très vif autour de lui. Cette récompense, il l’a perçoit aussi comme un élément de fierté envers la communauté où son talent n’a pas toujours été reconnu à sa juste valeur. C’est vrai qu’être coiffeur, cela est a priori moins valorisant qu’être ingénieur, médecin ou encore être un homme d’affaires avisé. Pourtant, lorsqu’il regarde en arrière, son parcours est plutôt flatteur.
Il y a maintenant de près de vingt cinq ans, suite à un parcours scolaire plutôt difficile, il a très rapidement été orienté vers une formation en apprentissage. N’ayant alors pas d’idée très arrêtée sur son avenir professionnel, et n’ayant pas de passion particulière pour un domaine ou pour un autre, c’est un peu par hasard qu’il s’est retrouvé en apprentissage chez un coiffeur. Il s’agissait en fait d’un ami de la famille, M. Bilikian, avec qui il aimait aller à la pêche. Celui-ci a proposé à ses parents de le prendre comme apprenti, ce qu’ils acceptèrent avec soulagement.
Assez rapidement, l’ambiance du salon, le métier de coiffeur, lui ont plu. Il se découvrit d’ailleurs un certain talent. Très vite, il considéra la coiffure non pas seulement comme de la technique, mais avant tout comme un art au service d’une clientèle, à travers lequel on peut composer avec les formes, les couleurs, les accessoires, et où les ciseaux, les peignes, les brosses, sont comme les pinceaux ou le chevalet du peintre, des accessoires au service de l’inspiration créatrice.
Dès sa première année d’apprentissage en coiffure il se fit d’ailleurs remarquer. Ses résultats scolaires qui jusqu’alors n’avaient pas brillés, le classèrent parmi les meilleurs et très vite, il commença à se passionner pour les concours de coiffure où il débuta une collection de trophées remarquables.
Après avoir passé avec succès ses diplômes de coiffure et avoir obtenu à 19 ans son brevet professionnel, il ne lui est pas venu à l’idée de quitter son employeur et de chercher à aller faire monnayer son talent dans un salon plus renommé. Le salon de M. Bilikhian était déjà son domaine et il commençait d’ailleurs à se créer sa propre clientèle. Si le salon était mixte (hommes/femmes), il s’imposait progressivement comme le responsable de la partie coiffure pour femmes. Le salon employait alors deux autres salariées, deux femmes, et une apprentie.
Alors que la répartition de la clientèle entre hommes et femmes était jusqu’alors équilibrée, très vite, sous son impulsion, le chiffre d’affaires sur la clientèle féminine connue une croissance notable. Rapidement on embaucha même un autre coiffeur, puis un second. Au terme de ses cinq premières années d’activité professionnelle, le salon passa ainsi de 5 personnes à 9 personnes. Ce fut d’ailleurs l’occasion pour M. Arakhian de rencontrer son épouse, avec qui il a eu depuis 3 enfants âgés aujourd’hui, de 12, 14 et 16 ans.
M. Bilikian, son employeur, fut amené pendant ces cinq premières années à faire différents travaux d’agrandissement dans le salon pour soutenir le développement.
Il s’en souvient comme si c’était hier, le 22 septembre 1987, M. Bilikian eu un malaise cardiaque, suite auquel il fut hospitalisé près de 3 semaines. Pendant cette période il assura le fonctionnement du salon au quotidien, ce qui lui permis de prendre conscience qu’il était devenu le numéro deux salons. Le premier dimanche après son retour de l’hôpital, le 17 octobre, M. Bilikian alors convalescent lui demanda de passer le voir. Il lui annonça que le temps était venu pour lui d’arrêter son activité professionnel. Il avait décidé de vendre le salon mais souhaitait, avant tout, que ce soit lui qui le reprenne. Il lui dit que pour cela il était prêt à l’aider au plan financier dans le montage de l’opération. Les liens d’amitiés qu’il avait développé depuis de nombreuses années avec M. Bilikhian l’amenèrent à accepter de façon quasi instantanée la proposition, avant même, s’amuse t-il toujours à le rappeler, qu’on ai évoqué le prix.
Pendant les cinq premières années, même si M. Bilikhian fit tout ce qui était en son pouvoir, pour l’aider, ce fut difficile. Il fallu en permanence faire attention aux dépenses pour ne pas mettre le salon en difficulté car M. Arakhian avait tenu à limiter son endettement lors du rachat du salon. En effet, même s’il pouvait s’endetter plus pour racheter le salon, M. Arakhian ne l’a pas fait car, comme il a l’habitude de le dire, il n’aime pas être dépendant des banques et il aime bien rappeler un principe de base que lui a enseigné M Bilikian, « ne dépense que l’argent que tu as, limite ton développement à ta capacité de financement, et n’hypothèque pas l’avenir en t’endettant ».
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